26 mars 1923 : mort de Sarah Berhnardt
(extrait du journal « Le Petit Parisien » du 27 mars 1923)
Née à Paris le 25 septembre 1844 Sara Marie Henriette Bernhardt se destinait à la vie monacale quand le Duc de Mornay la fit entrer au Conservatoire d’où elle ressortit après avoir obtenu un deuxième prix dans «Zaïre» de Voltaire.
(extrait de son acte de naissance issu des Archives de Paris)
Elle débuta au Théâtre Français dans «Iphigénie» de Racine en Septembre 1862 et fut alors considérée par un critique comme «insignifiante». Elle en est renvoyée en 1866 après avoir giflé la sociétaire.
Elle songea alors à quitter le théâtre pour tenir un magasin de confiserie.
Après un séjour en Espagne elle fit un retour éblouissant le 14 janvier 1869 à l’Odéon dans «Le Passant» de François Coppée.
Son physique ne laissait pas indifférent:
« …cheveux ondés et crespelés naturellement en tignasse idéale, en divine crinière de déesse, ses yeux bleus foncés, longuement fendus et ordinairement langoureux mais s’éveillant et sautillant comme des diamants noirs, la prunelle excessivement petite qui lorsqu’elle jetait un mot ironique semblait se jeter hors de l’œil et vous percer… le menton bien arrêté, la bouche aux lèvres rouges très fines qui laisse voir d’éblouissante dents blanches…»
(« Le Petit Parisien » du 27 mars 1923)
(extrait du « Monde Illustré » du 31 mars 1923)
Elle joua au Gymnase, à la Porte Saint-Martin. Elle dirigea la Renaissance, l’Ambigu et en 1899 l’ancien Théâtre des Nations auquel elle donna son nom.
Elle possédait une infatigable curiosité et une incessante soif de poésie. Tout en demeurant une fidèle interprète des grands disparus elle aimait faire découvrir des talents inconnus qui devinrent des talents respectés.
Elle jouera de grands noms du répertoire français: Racine, Victor Hugo, Edmond Rostand, Victorien Sardou, Sacha Guitry. Elle sera tour à tour Jeanne d’Arc, la reine de Ruy Blas, la frustre Jeanne Doré, Andromaque, Hermione, Sainte-Thérèse d’Avila, La Tosca…
En mai 1900 Sarah Bernhardt joue pour la première fois «L‘Aiglon» d’Edmond Rostand.
Reconnue sur tous les planches du monde, sa voix enchanteresse et ses intonations martelées acclamaient la langue, la pensée et la littérature de la France.
«Elle avait le don de tout élever»
(extrait du »Petit Parisien » du 27 mars 1923.)
Sa devise, «Quand même», est un rappel à son audace et à son mépris des conventions.
Fantasque dans sa jeunesse, elle apparut tour à tour peintre, sculpteur, critique d’art, aéronaute. Elle alla même jusqu’à apparaître apprenant ses textes dans un cercueil doublé de satin blanc.
Elle fut décorée de la Légion d’honneur par le Ministre des Beaux Arts, Monsieur Viviani, en 1914.
Le 12 mars 1915, à 70 ans, elle est amputée de la jambe droite. Refusant une prothèse elle visita en 1916 les « Poilus », ce qui lui valut le surnom de «Mère La Chaise», et joua encore, assise, « Athalie » de Racine en 1920.
Surnommée «la voix d’or» Sarah Bernhardt meurt le 26 mars 1923 dans les bras de son fils Maurice. Le monde du théâtre après avoir perdu Réjane et Coquelin perd sa plus pure et sublime interprète. Elle était l’incarnation du théâtre français. La « Mère La Chaise » sera inhumée… au cimetière du Père-Lachaise !
Elle fut décrite ainsi dans « Le Monde Illustré » du 31 mars 1923:
«Ce nom seul demeurait synonyme d’art et de beauté… Sarah Bernhardt s’est installée dans une gloire si lumineuse que son rayonnement, constamment alimenté par de nouvelles révélations, devait s’accroître jusqu’au seuil de la mort même…»