
(article extrait du « Petit Parisien » du 9 juin 1922)
L’affaire démarre par la plainte d’un chauffeur libre attaché au déplacement de Monsieur Bessarabo. En effet il le déposa le vendredi au bout de la rue de la Victoire et ne le revit pas le lendemain au lieu convenu.
Inquiet il se présenta au domicile de son employeur au 67. Sa femme, présente, lui signifia que son mari avait dû partir pour affaire urgente.
Au cours de interrogatoires qui vont suivre Madame Bessarabo avoura que son mari était parti finalement à Nancy et qu’elle avait, sur ses ordres, envoyé une malle pleine de documents compromettants.
L’inpecteur Thierry part à Nancy et découvre à la consigne: « une chapellière de nuance kaki, ayant 58 cm de largeur, 81cm de long et 18 cm de hauteur. Elle était munie de serrures non fermées et était entourée d’une longue ficelle. »
Ouverte la malle va livrer son funeste paquet: « un corps plié en deux à la crapaudine ».
Arrêtée Madame Bessarabo avouera que, lassée des aventures de son mari et de ses nombreuses maitresses, elle tira sur lui dans un accés de colère .
Le lendemain, aidée de sa fille qui était d’après ses dires dans l’ignorance de la mort de son père, elle empaqueta son mari dans la malle et l’emmena à la gare.

Mais qui est Madame Bessarabo?
Mariée une première fois au Mexique avec Monsieur Jacques, veuve avec deux filles, elle va se remarier, toujours au Mexique, avec Georges Weissmann, Roumain qui se faisait appeler Bessarabo.
Madame Bessarabo est une belle femme, grande, blonde, avec des yeux bleus, riche, qui s’adonnait à la littérature, écrivait des chroniques, des contes pour des revues littéraires et artistiques. Elle avait publié plusieurs livres sous le pseudonyme de Hera Mirtel.
Elle donnait des conférences suivies de sauteries, de séances de spiritisme et même de réunions où l’on pratiquait la magie noire.

(Madame Bessarabo)
(www.gallica.bnf.fr)
A la version des infidélités de Monsieur Bessarabo, proposée par Madame, va s’opposer la version du frère de Monsieur Bessarabo. A savoir, la cupidité et la vie dispendieuse de Madame Bessarabo.
La mort mystérieuse du premier mari de Madame Bessarabo ne va pas faciliter la tâche de son défenseur.
Après un procès fleuve, aux multiples rebondissements, la sentence va tomber.

(extrait du « Matin » du 22 juin 1922)
Madame Bessarabo, incarcérée à Rennes, y mourra en 1930.
Un franc fut accordé à la partie civile à titre de dommages et interêts.
(« L’affaire Bessarabo » de Arthur Bernède, 1931, editeur J.Tallandier)